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Hey, ils se barrent

C’est passé. C’est passé les gars, ho oui, bien passé ! Ô comment ! Je l’ai bien sentie celle-là. Ça a été brutal. Un pansement que l’on arrache, et puis… vite, vite, un sac de petits pois congelés sur le bobo pour ne pas que les larmes coulent. Sauf que je me suis plantée. Je n’ai pas sorti le sac du congélo, j’ai pris le petit flacon du placard, celui où est noté 90°… Les yeux ont transpiré.
Le pire, c’est qu’on me l’avait dit. Mais même sans que l’on me prévienne, je le savais ; c’est un fait. Il y a juste à voir comment j’ai réagi lors de la simple heure et demie dite d’intégration. En fait, cette grosse heure-là, elle est faite pour les parents, qu’on le dise clairement. Les gosses, eux, n’en ont rien à faire de ce moment de découverte de leur futur environnement, future maîtresse, futurs collègues. Soyons honnêtes, ces égoïstes courent en direction du tapis de jeu, de la peinture, de la mini cuisine, ou toute autre activité qui leurs semble bien plus intéressante que de te voir toi et tes yeux larmoyants, luttant contre ce « mon bébé n’est plus un bébé, mon bébé n’est plus un bébé, mon bébé… ». Oui, ces 2 petites heures sont belles et bien pour moi. Pour me faire comprendre que dans quelques semaines, c’est là qu’ils passeront leur matinée, puis leur journée, sans moi. Pour me faire comprendre qu’ils grandissent, qu’ils ont besoin de voir autre chose que leur maison rassurante. Pour me faire comprendre que… Bordel, je ne les aurai plus avec moi, merde ! Et eux, alors eux… Mais c’est qu’ils ne veulent plus partir ! Mon chéri, on retourne à la maison. Non, pas à la maison. Punaise, ça commence, ils veulent se barrer.

Et puis l’été passe et on oublie cet état minable dans lequel on se trouvait ce fameux jour où on a découvert cette sorcière qui va nous piquer nos gosses. Et la veille de la rentrée arrive. Cartable, check. Etiquette sur cartable, check. Doudou, sucette dans le cartable (pour les moments de panique), check. Etiquette sur le doudou, et la sucette, check. Vêtements de rechange en cas d’accident, check. Etiquette sur… Putain, font chier avec leurs étiquettes ! Et nous voilà partis en direction de leur nouvelle vie. Sans moi. Le moment redouté est là. C’est qu’ils vont pleurer, ils vont s’agripper, ils vont hurler, vouloir que je reste. Comment je vais faire ? Je vais devoir les arracher de force et mon cœur va s’emballer. Je vais devoir trouver des phrases rassurantes. Je vais devoir les laisser seuls et démunis avec cette inconnue.

Erreur dans le scénario. Il y a un souci. Je ne comprends pas. Il n’y a pas de larme. Pas de cris. Pas d’enroulage de bras autour de mon cou. Mais ils sont où leurs yeux tout tristes ? Elle est où leur voix chevrotante ? Ces ingrats filent jouer, ils ont reconnu le tapis. Mais pleure, bordel ! Montre-moi un peu d’intérêt. C’est moi qui vous ai nourris ces 3 dernières années nom d’un mini Homme ! « On revient tout à l’heure, ne vous inquiétez pas ». Ils ne nous écoutent pas ! Ils s’en fichent comme de leur première chaussette. Ils te balancent une baigne en pleine poire.
Alors tu rentres chez toi, la tête basse. Et tu écoutes ce vide dans la maison. Et tu ne sais pas quoi faire. Alors tu t’assois. Et tu ne peux pas empêcher les pensées de défiler. Ils ne sont plus là. Ils sont partis. Tu ne sauras pas ce qu’ils font. S’ils sont tristes. Si les copains sont sympas. Si la maîtresse est gentille. S’ils pleurent. C’est sûr, ils doivent pleurer. Ils ne seront plus avec toi. Jamais. C’est là que mon cortex cérébral essaie tant bien que mal de reprendre le dessus « Hey gamin, ils vont revenir, ils sont là à midi. Et ils vont tout déménager, encore. Pas d’inquiétude ». Oui, c’est vrai. Je me raisonne. Qu’est-ce que ça sera quand ils partiront vraiment de la maison. Alors j’attends midi avec une boule dans la gorge. On va les retrouver en pleurs.

Erreur dans le script, encore. Ils sont tout sourire. Ils n’ont même pas sorti le doudou et la sucette du cartable. Ils veulent y retourner le lendemain. Non mais ils vont pleurer demain, c’est sûr. Non. Ils ne pleureront pas, et ne pleureront jamais. Et ils voudront aller à l’école TOUS LES JOURS. Sans toi. Mais ils n’ont pas de cœur ces gosses ?! Ok, ils seront contents que tu viennes les chercher. Mais quand même… Cette dose d’ingratitude ! Puisque c’est ça, la sorcière, tu peux les garder mes gosses !

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