Quand je vais chez le médecin, je crache mes tripes, des larmes de douleurs coulent de mes yeux, des réserves de charbon ont pris racines sous mes paupières, et je sors avec une simple petite tape sur l’épaule et un « un peu de repos ce weekend et vous serez sur pieds ».
Quand je dépose un dossier à la CAF, malgré mes 3 enfants et mon salaire dérisoire, je suis gentiment reconduite à la sortie. Madame, vous êtes riche. Revenez l’année prochaine. Game over. Même joueur joue encore. Mes amours, ce sera des frites aujourd’hui. Ouais ! Encore…
Quand arrive septembre, nombre de parents se pressent chez Darty, les salons sont refaits et les ustensiles de cuisine renouvelés. Nous, on choisissait nos cahiers, en ayant pour consigne « non, pas ceux avec Hélène et les garçons, il y a tes frères et sœurs derrière ». Alors on se contentait du format A4, celui de couleur unie, 60g. Celui où, au verso, on voyait ce qu’on avait écrit au recto.
Quand l’école était finie, on passait les vacances chez les grands parents pendant que nos parents retournaient au dur quotidien métro-boulot-dodo. Ils nous déposaient à 8h devant les portes du collège durant le reste de l’année, et nous récupéraient à 18h30, à la sortie de l’étude, devoirs terminés. Les semaines de 35h ils ne connaissent pas.
Et puis je compare… Bouh, ce n’est pas bien de comparer. Ce n’est pas bien de se plaindre. Ho, hey, hein, bon, ce n’est qu’une simple constatation.
Elle se lève avec la voie enrouée, et directement, elle appelle son employeur. Non, je ne viendrai pas aujourd’hui. Un chat s’est logé dans ma gorge. A coups d’emmental placé stratégiquement devant l’entrée buccale, elle patiente durant les 15 jours donnés par le doc, en ayant bien pris soin de cocher le « sorties autorisées ». Ben oui, comment se fournir en carottes sinon ?
Le moteur de la nouvelle BMW de mon voisin vrombit au fond de l’allée Entre les allocations, la Paje, le Rsa et j’en passe, mon voisin peut offrir à ses 4 enfants le dernier vélo à la mode, tout en envoyant tous les mois une enveloppe bien remplie au pays. Les RDV à la CAF se succèdent, et il en sort avec 3 cm de plus à chaque fois. 3 cm de plus ? Oui, dans son portefeuille.
Mais tu n’as pas eu le chèque d’aide à la rentrée scolaire ? Tu achètes les livres neufs ? Tu payes l’inscription à l’école de commerce de ton aîné ? Mais enfin, pourquoi tu t’embêtes autant ? Personne ne t’a dit ? Hein, quoi, qu’est-ce ? Non, personne ne m’a dit… On fait notre vie et on ne demande rien. Un manuel devrait exister « Pour que les gens trop honnêtes arrêtent de se faire pigeonner ». Nous pourrions le sponsoriser.
Mon Dieu, mon fils de 12 ans a 3h de trou par semaine dans son emploi du temps. Quelle horreur. Bien sûr que j’irai le récupérer à chaque fois. Mon boulot ? Un aller-retour ne va pas les tuer. Je ferai aménager mon emploi du temps pour être tous les jours à 17h devant le lycée. L’étude ? Grand Dieu, non. Ils sont déjà tellement fatigués de leur journée. Pauvres bichettes. Et puis cette année, c’est congés sans soldes. Qu’ils acceptent ou pas. Ils ont besoin de décompresser les p’tits loups. 4 semaines à la mer. Un mois au pays. Vraiment, les écoliers d’aujourd’hui sont tellement surmenés.
Il y a eux. Il y a moi. Et moi, je n’y comprends rien. Trop d’égo. Pas assez de bagout. Trop peu de sans gêne dans mon éducation. Les raisons sont multiples. Les causes sont plus des chances que des poids. Et pour rien au monde je ne deviendrai eux.
Mais comment diable font-ils ?