Procrasti quoi?

C’est bon, j’ai le temps.
Oula, c’est pas avant deux semaines, ça peut attendre.
Les cadeaux de noël ? Non, non, il y a trop de monde là, moi j’attends encore.

Avoir le temps. Attendre. Patienter un peu. Oui, ce soir. Ou demain.
Que des mots si agréables à prononcer. Que l’on savoure à chaque syllabe. Que l’on aimerait pouvoir répéter inlassablement.

Attendre le dernier moment et tout traiter en temps voulu. Pousser la limite du temps jusqu’à la dernière minute et pouvoir encore trouver des moments pour soi.
Utopique.
Mais tellement ce qu’on voudrait que ce soit.

Dans la réalité vraie, dans la vraie vie, dans la vie de tous les jours, le sac que l’on voulait n’est plus en solde. Les cadeaux notés sur la liste sont en rupture de stock. Le client a décidé de changer de fournisseur. Le coiffeur est pris jusqu’en mars. Notre adolescent est devenu une véritable calculette. La petite a les doigts de pied qui dépassent des chaussures. On a plus regardé la télé depuis 2 mois et demi. Pas parce que l’on en a pas envie, non. Simplement que la télécommande n’a plus de pile. On s’éclaire à la bougie pour prendre une douche. Le fromage est périmé. On a souhaité l’anniversaire de sa meilleure amie avec 15 jours de retard. La petite de 6 ans a eu son cadeau en mars alors qu’elle est née en août. Et celui de noël en juin. Elle n’a pas compris…

La procrastination. Un mot devenu un gros mot dans notre existence actuelle. Un véritable problème de société. Un mal qui ronge et peut empêcher d’avancer. Ou qui retarde. Ou simplement un moyen de se sentir libre. Illusion.

Que le temps passe, que le temps passe ! Courir tel le lapin blanc d’Alice. Accélérer le pas, et rater quand même le train. Les wagons sont remplis. De ceux qui tentent d’être à l’heure, et de ceux qui ont raté le dernier. Un savant mélange de « je voudrai », « j’aurai dû » et « j’aurai pu ».

Tout remettre à demain et se rendre compte que ce n’est pas comme cela que ça fonctionne.
Procrastination. Joli mot devenu 5 syllabes difficiles à cracher.