Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Comment la fête des mères est devenue une problématique

Aujourd’hui c’était la journée mondiale de l’écriture manuscrite. Alors pour fêter ça, je poste un écrit digital. Bonnet blanc, blanc bonnet. Et j’ai décidé de raconter quelque chose. Quelque chose qui me touche. Qui n’appartient qu’à moi. Qui ne te parlera peut-être pas à toi. Ou peut-être que si, parce que tu as vécu quelque chose de similaire. Ou pas d’ailleurs. Bref, j’ai décidé de mettre à nu un morceau de mon cœur.

Je suis partagée. Depuis presque 3 ans maintenant, mon cœur est littéralement coupé en deux quand arrive la fête des mères. Je suis heureuse de me savoir maman. Maman de ces petits être qui ne font que grandir. Mais aussi d’elle qui s’est arrêtée à 4 mois. Miséreuse d’avoir dû choisir un cercueil pas plus grand que 65 cm. Je me sens chanceuse de voir chaque jour mes enfants courir et rire, en bonne santé. Mais j’ai aussi la désagréable impression d’avoir payé cette chance avec la mort et la maladie. Oui, je vous donne mon enfant pour que les 3 autres soient sains.
Quand arrive la fête des mères, je porte un sourire. Le sourire que je dois porter car mes enfants m’ont fabriqué un cadeau avec tout leur cœur à l’école. Mais je ne peux m’empêcher de penser que son cadeau à elle, je ne l’aurai jamais. Je les embrasse. Je les câline. Je crie au génie artistique. Je les serre à les étouffer. Mes yeux brillent de fierté. Et puis je vais pleurer. Pleurer cette 4ème . Pleurer cette honte de ne pas être capable de profiter à fond de ce moment. Pleurer cette histoire qui nous appartient. Pleurer ces 4 mois. Pleurer ces années qu’on nous a volées. Pleurer cette tristesse qu’on nous a imposée.
Quand arrive la fête des mères, je me sens entourée. Entourée d’un amour sans faille, par-delà les nuages. Je la sens, là. A mon oreille. Sur mon cœur. Derrière ses frères et sœurs, lorsqu’ils m’offrent leurs cadeaux. Dans la salle de bain, quand je suis sous la douche. Dans chaque pièce où je suis. Je la sens, mais je ne vois rien. J’ai beau écarter fort les yeux, je ne vois rien.
Quand arrive la fête des mères, je ressens encore plus son absence. Qui fête-t-elle ? Qui a pris ma place ? Pour elle, c’est moi qui suis absente. Chevauchant son étoile, j’ose espérer qu’elle dégringole les arcs-en-ciel. Et qu’elle me colle, au moins ce jour-là. Qu’elle ne croit pas que je l’ai abandonnée. Qu’elle ne se sente pas abandonnée.
Quand arrive la fête des mères, les souvenirs s’écoulent devant mes yeux. Je repense à chaque instant. Je revois son visage et imagine ce qu’elle aurait pu être. J’écoute le volume sonore autour de moi et me dis que les décibels auraient été encore plus haut. Je les écoute me réciter une poésie qu’ils osent à peine prononcer, et je pense réellement que j’ai malgré tout de la chance. De les avoir eux. De l’avoir elle. D’avoir cette histoire. D’avoir porté un ange. Mais je ne peux éviter de me demander… Pourquoi ?

Quand arrive la fête des mères, je les aime de tout mon cœur, mais une partie de moi voudrait ne pas être maman.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :