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Et si on avait tout faux?

Les yeux en perpétuel émerveillement.
Toujours excités par la moindre nouveauté. Qu’elle soit fatigante, amusante, non esthétique, déboussolante.
Le cœur rempli d’amour pour tout humain. Qu’il soit petit, gros, blanc, noir, vieux, juif ou porte un col romain.
Aucune once de quelconque début d’envie de piétiner, écraser, humilier son voisin.
Aucun goût pour le pouvoir obtenu à n’importe quel prix. Aucun besoin de te montrer que c’est lui le meilleur, d’ailleurs quand tu gagnes, il veut recommencer, en trichant, oui, mais il te le dit ouvertement, et en rigolant.
Un réel désir de partager, de te montrer comme, miam, il est bon ce gâteau, car il est vrai que les bonnes sensations, il veut les communiquer, et non les garder.
Les paillettes ne l’intéressent que pour se les étaler sur le visage ou alors pour se les mettre dans la bouche. Peut-être que ça pétille sous la langue.

Telle est, plus ou moins, la vision du monde des personnes que l’on appelle communément handicapés mentaux.

Il n’y a pas que ça, me direz-vous. Ce n’est pas faux. Mais je m’attelle ici au côté humain. Au côté sensible, et non pratique. Au côté sentimental, et non factuel. A la façon de voir la vie, les autres. Au bonheur tel qu’il est perçu.

Et de l’autre côté de la rivière de la « normalité », il y a nous…

Blasés. « Tu es allé au Sénégal ? Quelle chance ! Alors ? » « Mouais, c’est sale quand même ». Ils ne pourraient pas mettre un plus de budget dans l’entretien de la voirie ? Quand même…
Les gens sont méchants. Mon voisin n’est pas beau. Ma collègue est lente. Les vieux ils ne sentent pas bons, ils me dégoutent.
Si tu te trouves en travers de mon chemin, si ton pied mordille la ligne de mon espace, si tu dépasses les limites de mon acceptation personnelle, je promets que tu le regretteras. A coup d’humiliations publiques, de lynchage verbal, je te mettrai à terre.
Un goût incommensurable pour le pouvoir. Le but de chacun ? Etre plus haut, plus fort, plus loin que son voisin, que son meilleur ami, que son frère, et le mieux, que son père. L’important est de participer ? Pouah ! Chimère! Juste un conte pour enfants.
Manger ses gâteaux accroupis derrière son bureau. Ne plus se souvenir du nom du site où les prix étaient sacrifiés. Vendre son batteur électrique 45€ à sa sœur – le prix de départ était de 49.99€ tout de même ; c’est une sacrée affaire.
Les paillettes plein les yeux. Et plus il y en a sur les costumes mieux c’est. Hey, t’as vu comme je brille !

Alors, quand tu traites quelqu’un de « gogole » ou « d’attardé » ; quand tu regardes du coin de l’œil, tout en ne pouvant t’empêcher d’exploser de rire intérieurement, une personne qui marche en comptant chaque poteau ; quand tu changes de trottoir et baisses les yeux par crainte d’être contaminé par cet énergumène qui marche en chantant, on sait jamais, il pourrait être contagieux ; quand tu laisses ce membre de ta famille se promener à 10 mètres de toi, et, grand Dieu, ne m’adresse pas la parole ; alors, je te dirai simplement, fais un pas en arrière, tourne sur toi-même et peut-être que tes idées se remettront en place.

Peut-être, seulement peut-être, que le monde est dans l’erreur. Toi, moi, que l’on qualifie de « normal », ne serions-nous pas débiles et dans le déni ? Eux, ne seraient-ils pas juste prompt à profiter de chaque instant ? Ne seraient-ils pas bien moins cons que les dits normaux en fait ? Leur cerveau n’est pas façonné par le quand dira-t-on ou les normes de la bienséance sociale.

Les handicapés de la vie, ce ne sont pas eux, mais nous.


« Tous les fêlés sont des anges […]
Les chaotiques sont des anges […]
Tous les rebuts vous dérangent
Pourtant les fous sont des anges »
C’est dans l’air, M.F

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