J’ai vu l’horreur…
Imaginer, pire, voir les conditions dans lesquelles ils étaient traités.
Connaître la fin atroce qui leurs était destinée.
Savoir qu’ils luttaient, gardaient un faible espoir. Malgré tout.
On n’en ressort pas indemne. On est brisé à jamais. La vérité, on la connaissait. Mais là…
L’horreur humaine étalée sous nos yeux. Personne ne peut plus nier. Les négationnistes peuvent aller se rhabiller. Comment encore ne serait-ce qu’oser soumettre l’idée que tout cela a été exagéré ? Comment ne pas être touché ? Comment ne pas ressentir la peur, la tristesse, l’incompréhension de tous ces gens ?
Un voyage au bout de l’enfer qui devrait être obligatoire. Pour tous. Toute religion et nationalité confondues. Un voyage qui pourrait peut-être ouvrir les yeux à beaucoup.
Un bad trip. J’ai côtoyé les flammes de l’enfer. Elles tournaient autour de moi. Elles me soufflaient leurs immondices aux oreilles. Me mettaient des images répugnantes devant les yeux. J’ai pleuré. J’ai même cessé de respirer. J’ai cru m’évanouir après tant de bassesses ignobles, tant d’immoralité extrême.
Comment concevoir que tout cela a réellement pu exister ? Comment croire encore en la bonté humaine ? Un homme. Un peuple. Tous derrière lui. Ils savaient. Tout le monde savait. Une minorité a eu le courage de ne pas suivre la voie toute tracée. Baignée de sang. Avec l’odeur de cendres. Entourée de tranchées où leurs tombes les attendaient. Mais que dis-je ! Des tombes ? Ne rêvons pas. Ils n’ont même pas eu le droit à ça… Mais ils ont tenté. Ils ont osé dire NON. NON, nous ne voulons pas ça. NON, nous ne vous suivrons pas. Et ils ont payé leur courage… Ceux-là sont à applaudir. Moins de 2% de la population. Que penser de ce chiffre ? Que penser des 98% qui toléraient, niaient, soutenaient ou fermaient les yeux devant la situation ? Doit-on les juger et les qualifier de collabos ? Peut-on vraiment se le permettre ? Peut-on se réduire à cela ? Peut-on généraliser ?
Toujours est-il que cette férocité est à condamner. A 100%. Sans hésitation. N’osez même pas mettre ma parole en doute. Vous seriez des leurs. Vous porteriez leurs costumes. Vous seriez bons à recevoir nos crachats. Et vous seriez coupables.
Des bêtes. Des inhumains. Des barbares. Des monstres sanguinaires. Des cruels et diaboliques animaux sur deux pattes.
Et se dire que toute cette merde, que toute cette haine, leurs ont été offertes. Sur un plateau bordé de clous. Avec un grand sourire. Avec un détonateur caché dans le dos. Avec la complicité de bien des peuples. Un cadeau ? Profitez, vous le pouvez, vous êtes tziganes, homosexuels, handicapés, considérés comme asociaux, ou, et surtout, juifs.
J’ai eu la gerbe. J’ai éprouvé du dégoût envers un peuple. J’ai eu honte d’être humain. Mais surtout, je n’ai pas compris. Tant de haine. Tant d’abomination. Tant de fureur, de sauvagerie, de torture. Tout ça concentré dans un tas de personnes.
J’ai vu l’horreur.
J’ai vu Auschwitz.