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Allez hop

Dur.
On se motive. On pense aux bienfaits.
« Allez, courage ».
On sait que l’on va se sentir bien après.
Oui, mais maintenant…
On regarde le temps. « Pouah, il fait chaud ! ». Ou « Mon Dieu, il fait trop froid ! ». C’est selon.
Il faut y aller.
Re-dur.
On souffle, on prend une grande inspiration et on met un pied dehors.

Une fois lancée, on est bien obligé d’y aller. On ne peut plus faire machine arrière.
On regarde à droite, à gauche. Peut-être que quelqu’un viendra me sauver de mon malheur. Peut-être que quelqu’un pourra lire sur mon visage la déconfiture personnifiée.
Quelqu’un va-t-il me prendre en pitié, et m’arrêter dans mon élan ?
Ho grand Dieu, mais dans quoi me suis-je lancée ?
Le vent me pousse vers ma destination.

Première étape. Le bus.
Je prie qu’il ne soit pas bondé. Il arrive. Je le fixe. Il approche. J’y crois. Il est là. Je me décompose.
Coincée entre les aisselles d’un joueur potentiel de rugby en fin de match et un jeune homme qui confond parfum et désodorisant de toilettes, je sers contre moi ma besace qui me sert de sac. Et je récite intérieurement l’Ave Maria et le Pater Noster afin que l’on m’accorde un peu plus d’air.

Deuxième étape. Descendre du bus.
Anodin dit comme ça. Périlleux dans les faits.
Surtout, repérer l’arrêt précédent. Une fois cet arrêt dépassé, je tends le bras afin d’appuyer sur le « arrêt demandé » et tente de contourner au passage les dos transpirants et autres chevelures saupoudrées de sucre. Une fois le bouton atteint, j’appuie dessus du bout de l’ongle par peur de contamination bactérienne. Après avoir réussi à écarter ces plantes rares de la jungle équatoriale, le parcours du combattant commence. Je fais quelques pas, et je me retrouve vite écrasée contre ce dos humide que j’ai pourtant tout fait pour éviter. « C’est de l’huile, c’est juste de l’huile. Il sort du spa ». Je me répète inlassablement ce refrain afin d’éviter d’ajouter à ce joli mélange olfactif l’odeur du tartare de saumon digéré. Entre une dizaine de « excusez-moi » et d’esquives de coups de coude, j’arrive à me poster devant les portes en tentant tant bien que mal de ne pas m’étaler sur les personnes qui absorbent mon espace vital. Respire, la fin est proche. Le supplice sera bientôt autre…

Troisième étape. Se lancer.
Oui, je suis arrivée à destination. Oui, je suis fin prête, du moins, physiquement. Non, je n’ai toujours pas envie.
Je regarde autour de moi afin de trouver qui, ou quoi, saura trouver grâce à mes yeux. Celle-là ? Non, la dernière fois j’ai eu mal. Celle-ci ? Non, mon potentiel voisin ne m’inspire pas. Alors celui-là… Allez, hop, on se motive, ni une, ni deux, je l’enfourche. Et c’est parti pour l’échauffement. Durée, 25 minutes.
3 minutes… Je fixe le mur blanc…
4 minutes… C’est long…
6 minutes… Comme elle est bien foutue elle… Sale pouffe !
8 minutes… J’ai plus envie… Je ne vais pas m’arrêter maintenant, la honte !
10 minutes… Allez, dans 2 minutes 30 tu auras fait la moitié.
12 minutes 30… Oui, bravo, tu as fait la moitié. Allez, courage !!!
13 minutes… Quoi ? Je n’ai fait QUE la moitié ?! Encore le même temps à pédaler ?
Et à partir de là, je ne sais pas pourquoi, mais la motivation est plus grande. Le temps passe plus vite. Je pédale, je cours, je rame, je saute, je danse, pour terminer par m’étirer.

Je souffle, et je suis fière de moi. J’ai voulu, j’ai tenu, j’ai vaincu.
Je file sous la douche et j’examine mon corps. Je tâte mes bourrelets, je pétrie mes cuisses, je frictionne mes mollets. Heu… C’est moi ou je n’ai toujours pas perdu deux tailles ? Et toute l’eau que j’ai éliminée, elle ne m’a pas faite dégonfler ? Pourtant je l’ai bien vue dégouliner de mon front, de mes bras, de mon dos (tiens, je devrai aller retrouver mon ami du bus)… Alors où est-elle allée ? Elle est re-rentrée ? C’est une arnaque ! Remboursez !

C’est vrai, on se sent bien après. Le tout, c’est d’y aller.

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