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La vraie vie des filles

Bien sûr que marcher avec des talons de 13 cm ça ne nous fait ni chaud ni froid.
Bien sûr qu’on arrive à tenir toute la journée en ne mangeant qu’une salade verte.
Bien sûr que les 5 cm de tissu qui nous couvrent les fesses en hiver nous tiennent chaud.
Bien sûr que comme tu me vois, là maintenant tout de suite, je suis au naturel.
Bien sûr que je n’ai ressenti à aucun moment le besoin de rester aux toilettes plus de 5 minutes durant ces deux jours passés ensemble.
Bien sûr que ce sac de courses est tellement lourd… Que tes bras musclés me sont indispensables pour porter les 2 litres de jus de fruit que l’on vient d’acheter.

Tout ça, bien sûr, n’est qu’une petite liste non exhaustive. Moi, blasée ? Moi, jalouse ? Que diable… J’émets des faits. De simples faits.

Car quand je rentre d’une soirée, perchée sur mes talons aiguilles, la première chose que je fais est d’envoyer valdinguer ces objets de torture. Quoi, je n’ai qu’à plus les mettre ? Ces objets à la fois adorés et détestés sont les instruments de supplice de pointe (sans mauvais jeux de mots) du XXIème siècle. Sans eux que deviendrai-je ? Ils me procurent assurance, hauteur et désinvolture. Evidemment que je peux courir avec. Allez ! Ce n’est que question d’habitude. Et comment je fais pour marcher avec ? Un pas devant l’autre… Un pied après l’autre… Si j’ai mal ? Ma démarche en pointillée ne signifie rien. Le sol n’est pas stable ! Bon sang, tu m’as saoulée…

Car quand je ne me nourris que d’une simple barre de céréales, ou que d’une salade verte sans sauce, je ne pense qu’à la bonne paëlla de prévue ce week end. Il faut compenser. Et quand je prends une salade dans une pizzeria, une salade chez Macdo, une soupe au restaurant du coin ? Et bien ? Rien à voir avec le fait qu’une petite poignée d’hommes m’entoure. Rien à voir avec le fait que j’ai l’impression de passer pour un ogre dégueulasse si je mange une pizza 4 fromages – merde, et si la sauce du Big Mac me dégoulinait sur les doigts ? Et si l’huile piquante venait me faire luire le menton ? Ho, non, tout mais pas ça - Et puis, je trouve ça absolument délicieux. C’est un régal. Ce n’est que pour mon plaisir personnel. Et non, je n’ai jamais faim. Ces petits « en-cas » me suffisent. Et alors ? J’ai bien le droit de manger 4 oréos en rentrant. J’ai bien le droit d’engouffrer les chips au paprika, toute seule, devant friends. Ça n’a rien à voir. NON ! Je n’ai pas faim. Rien à voir je vous dis…

Car quand je suis, un samedi soir, sur le trottoir d’un bar entourée de tous mes amis fumeurs, et que je danse sur place, ce n’est pas pour me réchauffer, non. C’est simplement que je suis encore dans l’ambiance de l’intérieur. Lorsque je rentre chez moi, en aucun cas je ne mets mon pyjama en polaire. En aucun cas je me blottis sous ma couette en me disant que, ok, il fait quand même froid les soirs de janvier. Et puis, si je m’habille comme ça, finalement c’est pour moi. Et je ne tire aucune fierté, aucune satisfaction personnelle de toutes les remarques et les regards que je peux attirer. Non. On est en plein hiver, j’ai une jupe qui me couvre à peine les fesses, des talons vertigineux et j’ai bien envie de te dire merde.

Car quand je rentre le soir, je ne passe pas une demi-heure à me démaquiller. Je ne suis pas du tout obligée de me passer un coton imbibé de lotion avant de me coucher, au risque d’avoir les cils plaqués sur les paupières ou des cratères marrons sur les joues. Mon transit time entre mon passage sous la douche et le moment où je mets le pied dehors le matin est seulement de 45 minutes. Et dire qu’on ne remarque pas mon travail. Quoi, il faut savoir ce que je veux ?

Car quand je mange, tout se désintègre automatiquement dans mon corps. Mon ventre n’a pas de système digestif. Mon ventre ne fait aucun bruit. Mon ventre est un creux. Les gargouillis que tu entends ? C’est le crissement du canapé. Pourquoi je suis sortie précipitamment de la pièce à plusieurs reprises ? Rhooo, tu m’embêtes !

Car quand tu n’es pas là, je me sens tellement fragile. Tellement perdue. D’accord, je peux porter le sac à langer qui pèse environ 6 kg sur l’épaule gauche, caler sous ce même bras le transat avec le petit dedans, le téléphone coincé entre l’épaule et l’oreille gauche (afin de t’expliquer pour la 15ème fois que le liquide violet est celui pour laver le sol, et que non, tu ne peux pas laver la vaisselle avec) tout en me dirigeant vers la voiture avec le sac des courses accroché à l’avant bras et le pack d’eau minérale dans la main droite. Mais quand même, j’aime me sentir fluette et avec la force d’une fourmi. Et par la même occasion, tu te sens tellement indispensable, et ça, je sais que c’est primordial.

Oui, nous sommes toutes des princesses. Oui nous avons besoin d’une épaule forte. Et puis, comme dirait l’autre, « quand on pète, ça fait des paillettes ».

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