Au début, on ne réalise pas. On est heureux. C’est sûr. On se dit que rien ne sera plus jamais pareil. Nous en sommes conscients. Mais tout cela reste assez superficiel. Comme hors du temps. Comme si, ça arrivait, oui, mais à un « autre nous ». Rien de concret. Rien de palpable. On se réjouit. On imagine. Mais notre futur est encore trop « loin » pour pouvoir l’effleurer du bout des doigts.
Et puis le temps passe. Les jours filent. Les heures s’écoulent. Et d’un coup, toutes mes phrases commencent par un « c’est dingue quand on y pense ». C’est arrivé sans crier gare. Par un soir d’une journée ordinaire, je m’entends le dire à l’Autre. Il me regarde, d’un air ébahi. Alors moi j’insiste « non, mais sérieusement ». Et là il part en fou rire. Il faut dire que nous, femmes, la réalité nous submerge plus vite. La prise de conscience se fait bien plus tôt.
Notre vie ne sera plus jamais la même. Pas moins bien. Différente. Comme améliorée. On a su en profiter avant. Alors le changement n’entraînera aucune dépression. Espérons. C’est dingue… Tout ce que l’on a connu, tout ce dont nous avions l’habitude, il faudra l’oublier. Ou au moins le mettre de côté. Mais pour cela, on a signé. Même plutôt deux fois qu’une. C’est le cas de le dire…
C’est dingue… 2 vies créées par nous. Evoluant en moi. On regarde ces doigts, ces pieds, ces petites têtes, et se dire que tout ça a grandi dans mon ventre. En boule. En sécurité.
C’est dingue… ils seront à tout jamais à nous. A NOUS. Comme s’ils nous appartenaient. Comme si on les possédait. Devoir, non, vouloir, les élever. Les accompagner. Les garder près de soi jusqu’à ce qu’ils prennent leur envol. Leurs apprendre des choses. Les écouter. Les consoler. Les cajoler. Les éveiller au monde qui nous entoure. Les protéger. A tout jamais ils seront NOS enfants. C’est dingue…
Et puis nous ne dirons plus « tous les deux ». Nous ne connaîtrons pas d’ailleurs le « tous les trois ». Nous sautons directement dans le « tous les quatre ». Les pieds joints. Des étoiles plein les yeux. Avec une certaine excitation. Mais aussi une appréhension certaine. Notre famille a fait le grand écart. Passant d’inexistante à 4 membres. Le « nous » s’est agrandi. Le « nous » s’est arrondi. Puis il a explosé. Nous ne retrouverons jamais ce schéma à 2. C’est dingue…
C’est dingue quand on y pense… Le destin ne tient qu’à un simple « salut ».