Et les gars, vous savez ce que j'ai fait moi ces deux derniers jours ?
J'ai tout laissé en plan. Je me suis barrée. J'ai pris la fuite. J'ai laissé gosses et mari, et j'ai soufflé.
Pourquoi ? Pour débrancher mon cerveau. Pour refaire le plein d'énergie. Pour oublier le temps de 2 journées toutes ces tâches quotidiennes à faire et qui te font court-circuiter les neurones. Cette charge mentale. La prendre, et l'envoyer valdinguer. Profiter de la solitude.
Comment cela s'est passé ? Ultra bien. Est-ce que je me suis ennuyée ? Pas une seconde. Est-ce que j'ai vu du monde ? Évidemment que non, c'était bien là le but. Se retrouver avec soi. Faire une pause dans son quotidien pour pouvoir revenir requinquée.
Avant le départ, je l'ai bien expliqué aux enfants (oui, nous, on explique TOUT aux enfants. Pour qu'ils soient préparés, qu'ils comprennent ce qu'il se passe). En leur disant bien que ce que je fuis, ce n'est pas eux, c'est l'habituel, le coutumier, les obligations familiales. Qu'on allait vite se retrouver et que maman allait être en pleine forme.
Revenons à nos moutons... Dieu, que j'ai bien fait ! Au revoir les lessives. Bye bye les repas. Adios le rangement. Sortez de mon esprit ! Libérée, délivréééééée... Ok, je ne les quitte que pour mieux les retrouver à mon retour. Mais je les quitte ! Je n'ai plus pensé à toutes ces conneries pendant 2 jours ! 2 jours ! Mon cerveau a fait un reset. Une putain de bonne mise à jour. Les petits bonhommes là-haut, ils crient et ils sautent dans tous les sens. Ils respirent de nouveau. Et ma tête est propre. Vide. Satisfaite.
Je n'ai pas nettoyé de caca ; respiré d'odeurs nauséabondes de « j'ai pêté maman » ; enlevé des bouts des doigts des « maman, j'ai une crotte de nez » ; essayé de deviner qui a commencé ; crié plus fort qu'eux pour qu'ils arrêtent de gueuler ; demandé de ranger les jouets qui traînent ; menacé d'aller au lit. À tel point, que ma gorge a fait un black out. Elle était sèche d'être si peu utilisée. Elle m'a rappelée à l'ordre « hé ho, tu m'oublies moi. J'existe. Pense à moi » et me lançait des décharges. À défaut de faire passer des mots, elle a voulu de l'eau. Beaucoup d'eau. Histoire de se sentir vivante je suppose. Quand j'ouvrais la bouche, ma voix était rauque. On a dû me prendre pour une fumeuse. Une grosse fumeuse solitaire. Enfin « on »... Les 3 pelés et 2 tondus à qui j'ai accordé un mot plutôt.
Ces 2 jours ont donc été du repos à tous les niveaux. Sauf au niveau du porte-monnaie ! J'étais dans un hôtel place Bellecour. Le Bayard Bellecour. Hôtel simple, mais sympa. Sans aucun bruit dans la chambre, bien que situé en plein cœur du quartier ultra vivant. Exactement ce qu'il me fallait. Le dimanche, on avait passé la journée au Parc de la Tête d'Or. On a fait une ballade en vélo Rosalie avec les petits (les parents se chauffent les cuisses à pédaler, les enfants, eux, se la coulent douce assis à faire semblant de conduire. Non seulement on est en train de crever la bouche ouverte, avec de la bave qui coule à chaque mouvement de pédale, mais en plus il faut s'extasier sur leur façon imaginaire de mener cette ballade avec ce volant qui ne sert à rien, bordel de mes ovaires!Nous, parents, avons, n'empêche, une patience hors du commun!). Donc, après cette ballade dans le parc, on est allé prendre la clé de mes appartements des 2 prochaines nuits. Et puis ils sont partis. Oui, j'ai eu une boule au ventre. J'avais les larmes aux yeux de quitter mes bébés. Quelle mauvaise mère je fais. Les abandonner comme ça. Juste pour mon bien-être. Et puis c'est passé. On avait pas mangé à midi, alors je suis sortie avec la ferme intention de m'acheter un sandwich américain. Miam tout ce gras en perspective. Rien que l'idée me donnait des crampes à l'estomac. Finalement, je les ai vraiment eues, les crampes. J'ai dû me résigner à prendre des churros. Trop de sucre, trop d'huile. Trop de merde en fait. Mes intestins ne m'ont pas remerciée. Je me suis couchée devant Il était une fois, avec Patrick Dempsey. Un bon film love love. Mais que j'ai kiffé ! Je voulais être une princesse. Je voulais avoir encore un premier rdv. Je voulais me coudre une robe avec des rideaux et avoir tous les animaux de la forêt comme amis. Et surtout, je voulais chanter, merde ! Je veux vivre dans une comédie musicale ! Que mon mari me chante des chansons. Pourquoi ça n'arrive qu'aux autres ? Et puis après, ma boule dans la gorge était revenue. Ils ne me manquaient pas, non. Mais j'ai regardé En immersion dans une maternité. Alors j'ai envoyé un message à ma belle sœur sage-femme pour la féliciter de ce merveilleux métier qu'elle fait. Bon, pas la partie où elle voit des parties intimes toute la journée. Dégueulasse. Mais le reste. Et, avant de m'endormir, je suis allée faire un tour sur un site de ventes privées, et j'ai rempli mon caddie. Nom de Zeus, je suis Crésus ! J 'ai fermé les yeux sur ces magnifiques images de jouets pour nos enfants, neveux et indispensables objets pour la cuisine.
Moi qui pensais faire la grasse mat' jusqu'à au moins 9h... C'était l'occasion ! Ma tête me criait « allez, du repos. Tu es là pour ça ! ». Mais mes yeux se sont ouverts à 6h30... Je suis restée dans le lit douillet de l'hôtel à somnoler, puis les yeux rivés sur mon téléphone. Après avoir ôté quelques articles, et validé la chose avec mon mari, j'ai confirmé ma commande. Nous voilà plus légers de quelques euros. Ha ! On se sent mieux ! Une douche et un p'tit dej' plus tard, me voilà partie à la conquête du centre commercial La Part Dieu. Le brouhaha, la foule lyonnaise, la concentration impressionnante de bactéries au mètre carré, ne me manquent, mais alors, pas du tout. Je suis un tantinet parano, alors mes yeux allaient de droite à gauche, en évitant tout effleurement quelconque avec d'autres humains. Pas seulement à cause de ce virus qui nous rend hystériques, mais aussi pour être sûre de ne pas devenir la proie d'un pickpocket ou autre malotru sans savoir vivre. Bref, j'ai fait quelques emplettes, surtout pour les gosses, manger à La Waffle Factory, fait encore quelques achats puis suis rentrée à l'hôtel.
Je ne suis ressortie que le soir, histoire de m'acheter quelque chose à me mettre dans le ventre. C'est vrai que, entre les churros de la veille et les gaufres de ce midi, mon estomac réclamait du sain. Alors j'ai couru chez un thaï ! Ben quoi, c'est sain. Des ramen, du poulet, multiples épices, des poivrons, du soja, une boisson au litchi et pour finir, un dessert à base de graines de chia. Plus sain que ça, on ne peut pas ! Chez Pitaya, ils sont super ! Gentils, souriants, agréables, et surtout leur bouffe... C'est dingue ! Je pourrai manger ça TOUS LES JOURS ! Un vrai régal ! Mes papilles me disent encore merci.
Me voilà repue jusqu'à au moins le lendemain matin ! Je me suis ensuite calée devant Mariés au premier regard, puis j'ai enchaîné avec Que sont-ils devenus pour terminer avec Les françaises... au lit. J'ai échangé avec mon mari par whats app pendant toute la première partie de soirée. Car oui, même s'il vous soutient le contraire, ma moitié adore cette émission. Il ne loupe aucun épisode! Je ne sais pas comment je dois le prendre... Est-ce qu'il rêve d'inconnu, de grand frisson, de nouveaux débuts ? Est-ce que je dois m'inquiéter et commencer à imaginer des jeux de rôle ? Où il serait ce bel inconnu louant une partie de la maison à moi, mère célibataire ne parlant que par jurons et dont il serait tombé indéniablement sous le charme ? Est-ce que finalement c'est un incorrigible romantique ? Facette qu'il s'efforce de cacher au maximum depuis tant d'années ? Est-ce que ses larmes lorsqu'il épluche les oignons sont uniquement des larmes de picotements ? Est-ce qu'il se remémore en fait le moment où Chandler essaie de demander Monica en mariage ? Est-ce qu'il serait si bon comédien ?
Bref, toujours est-il que nous en sommes là. La deuxième partie de soirée, je la passe scotchée au téléviseur. J'hallucine avec quelle facilité certaines femmes parlent de leur vie sexuelle. Et, surtout, j'hallucine sur le fait que... Je ne suis pas comme elles, bordel ! Les connaissances, les expériences, leurs pratiques... Heu... C'est quoi ce panel représentatif ? Il ne me représente pas du tout moi ! Je me trouve bien fadasse d'un coup. Je crois qu'il faut que je me matte 4 ou 5 pornos, que j'aille dans 1 ou 2 clubs lesbiens, que j'achète 5 ou 6 articles dans un sex shop (en tout cas, au moins un, celui qu'ils appellent « le lapin », sûrement à cause de sa mono-oreille gigantesque) et peut-être que j'arriverai à leur niveau. Et encore... Sur ces jolies tergiversations, je me suis endormie.
Et ce matin, c'était le grand jour. Celui où j'allais retrouver ma si belle famille. Qui,au final, s'en est très bien sortie sans moi. Qui, au final, ne m'a pas tant manqué que ça. Une journée et deux nuits, on n'a pas le temps pour ça. J'ai à peine pensé à eux. Les 40 messages à mon mari était là simplement pour le rassurer lui. Et non l'inverse. Les vidéos pour les petits étaient juste faites pour qu'ils s'endorment paisiblement. Je leurs en ai fait deux, ils ne m'en ont fait qu'une. Les gosses sont ingrats. J'ai attendu la deuxième pendant plus d'une demi-heure, mais c'était juste pour ne pas les décevoir quant à une éventuelle réponse... J'avais des crampes à rester le nez collé sur l'écran. J'ai quand même vérifié si la wifi marchait correctement, je suis passé en 4G, revenue sur la wifi, mais rien... J'ai fini par faire autre chose... Et j'ai maudit leur père pendant 5 bonnes minutes. Tout ça pour dire que oui, je le referai facile. Et même plus longtemps que ça. Je n'ai ressenti aucun manque.
Quand ils m'ont vue, ils m'ont sauté dessus. Je leurs ai fait un gros câlin. Et j'ai promis que je ne recommencerai pas. Plus jamais. Je leurs ai trop manqué. Je ne suis pas une mère sadique. On ne fait pas de mal à ses enfants. Voyons