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Vacances forcées, et enfermées – semaine 1

Lundi, jour 1 des enfants sans école. Ça va le faire. Je me dis que ce sont juste les vacances qui sont là plus vite que prévu. Je me dis que les enfants seront heureux de ne pas aller à l'école. Je me dis que, en plus, j'ai de la chance, le papa sera là avec nous. Télétravail certes, mais avec nous. Et c'est bien là l'essentiel. Qu'on soit tous les 5. Qu'on profite ensemble. Qu'on mette à profit ces moments passés ensemble, rien que nous. Qu'on fera des trucs qu'on a toujours repoussés. Bref, je le prends positivement, ces « quelques » jours sans maîtresse. Le seul point négatif qui me fait mal au cœur, qui m'agace jusqu'à avoir envie de hurler, c'est que jeudi, c'est leur anniversaire. Et que je sens que tout sera annulé. L'anniversaire avec les copains. L'anniversaire avec la famille. Alors on se met à expliquer à des gosses de 3 ans que, à cause d'un gros microbe, les gens tombent malades, et que, sûrement, personne ne pourra venir ici. Jusqu'à ce qu'on puisse recommencer à se faire des bisous (enfin, sauf à papa et maman, ça on n'a jamais arrêté, faut pas déconner !). Voilà où nous en sommes en ce lundi soir. Nous avons passé une journée plutôt bonne. Longue, certes, mais bonne. Et puis le verdict tombe... On s'en doutait. Mais c'est dit. Durant, au minimum, les 15 prochains jours, nous devrons rester chez nous, enfermés, avec ces 3 petits monstres. Sans visite. Soit.

 

Jour 2. On annonce le verdict définitif aux enfants. Pas de fête avec les copains. Pas de fête avec la famille. Pas de Tita, Tito, Papimo et Mamina. Ils sont déçus. Mais ils semblent comprendre. Il n'y a pas de larme, pas de cris, rien. Cool. La journée passe, et ça va plutôt pas mal. Enfin...
J'ai envie de trucider les gens sérieux !! Comme chaque semaine, on fait les courses pour la semaine prochaine. Et là... Impossible ! On souhaite mettre le moins longtemps possible le nez en dehors de chez nous. Alors on opte pour le drive. On se rend alors compte de l'étendue de la connerie humaine. Voilà les pensées qui déferlent dans ma tête. Non seulement le temps d'attente pour le retrait de la commande est d'une semaine, mais, en plus, il y a plein de produits manquants. Sérieux ? Et donc on est censé faire comment ? On dit à nos gosses que, non seulement on ne peut plus bouger de la maison, mais que, en plus, ils devront oublier leur p'tit dej' favori ? Oui, chacun ses préoccupations, mon gars. Et je t'emmerde. Il faut en acheter dans les magasins, maman. Et bien non, mon amour, car tous les abrutis finis se sont concertés et ont décidé qu'il fallait absolument qu'ils fassent des réserves de pains de mie, de brioches, de farine ou même d’œufs pour les 3 prochaines années. Car ils ont peur de mourir de faim on dirait. Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas à cause d'une surchauffe suite à une utilisation excessive de leur cerveau qu'ils passeront l'arme à gauche ! A minuit, j'arrive à trouver un drive avec les rayons pleins, pour un retrait jeudi. Heureuse. Je m'endors.

 

Jour 3. J'ai pas de boules quies dans la salle de bain, moi ? Mes oreilles saignent d'entendre les engueulades de mes gosses. J'ai la gorge irritée. À force de gueuler ? Moi, jamais ! Ma voix s'élève à peine dans les aigus lorsqu'ils se courent après en essayant de balancer leur pied dans la tête de l'autre.

 

Jour 4. Anniversaire de mes aînés. 4 ans. Leur anniversaire tant attendu. À défaut de faire tout ce qui était prévu, je leurs confectionne tout de même un château de gaufres, et décore la cuisine à l'effigie des supers-héros. Ils sont heureux. À midi, notre repas est sain. Gaufres et pop-corn. En début d'après-midi, je consulte mes mails. Ho merde ! Je croyais y échapper vu qu'ils sont en petite section... La maîtresse a envoyé des activités à faire, de la pâte à modeler ! Avec la recette jointe. Me voilà donc en train de malaxer de la pâte faite maison. Sacrebleu ! Heureusement que j'avais des colorants alimentaires. Le point positif de tout ça ? Ils ont eu énormément de « joyeux anniversaire » de leurs copains, de la maîtresse, et même des vidéos. Heureux, je vous dis. Entre temps, j'ai reçu un autre mail qui m'a mise en rogne. Le drive... Avec tous les manquants annoncés de notre commande ! Putain ! Tous les produits les plus importants, NOS indispensables. Je rage ! Je hurle ! Je défonce verbalement tous ces fautifs demeurés ! J'ai des envies de meurtre. Le confinement, c'est bon pour la santé. Mon mari me calme et me dit qu'il va aller braver le corona-machin dans les allées surpeuplées de la grande surface. Lorsqu'il revient, il a tous les manquants dans les sacs. Car, évidemment, tous les produits étaient en rayon. Je ne comprends plus là. Ils nous martèlent le crâne qu'un confinement maximal est de rigueur, chose que je valide à 200%, mais on ne peut pas faire les courses au drive, alors que les rayons dans les allées sont pleins. C'est totalement contradictoire. Mais moi, je n'en veux pas à ces pauvres employés qui n'ont rien demandé. Je n'en veux pas aux politiques qui essayent de gérer tant bien que mal cette pandémie de malheur. Moi j'en veux à la connerie humaine. Point. La connerie dans toute sa splendeur. Je vais me coucher.
 

Jour 5. « La télévision, à petite dose ». Ho merde ! En fait, si j'ai envie d'abrutir mes gosses à coups de boîte magique, et bien, je fais ce que je veux. C'est mon problème. Non, mes enfants ne passent pas la journée devant les écrans. Chez nous c'est uniquement le téléviseur, et uniquement après le petit déj'. Mais quand bien même, leur éducation NOUS regarde. Alors merci de fermer ta bouche et de garder tes pseudos conseils. Arg ! Je suis sur les nerfs !
Pu...ain ! Sérieux ! Les gens, quoi ! Mais restez chez vous, bordel à couches ! Arrêtez de nous emmerder avec vos sorties sportives devenues primordiales ! Vous n'êtes pas des professionnels du marathon, alors cela ne va pas vous tuer de ne pas courir vos 5kms et de faire des exercices chez vous ! Vous nous avez pris pour des débiles sans capacité de raisonnement ? « Moi je fais ce que je veux. C'est moi qui décide. Pas pour moi, ce virus. Je suis tellement dynamique, je ne peux pas rester chez moi, moi. Je ne peux pas rester enfermé dans la même maison que mon conjoint, j'ai besoin de prendre l'air ». Voilà les vérités. Une de ces phrases est la tienne. Arrête de trouver des excuses à ton inconscience. À ton égoïsme. Comporte-toi en adulte responsable. Viens pas pleurer si... Je te jure que mon épaule ne sera pas là pour toi.

 

Jour 6. Après chaque réveil (de la nuit, ou de la sieste), mon gosse me demande si c'est aujourd'hui que les copains vont venir pour leur anniversaire. Ça va être long.

Cerise sur le gâteau, un de nos deux aînés tombe et s'ouvre le menton. Ils n'ont jamais rien eu, ou presque (nous sommes de ces parents qui ne vont jamais chez le docteur ou à l'hôpital – on s'est quand même fait remonter les bretelles par leur médecin quand il a vu, plusieurs mois après, que Y. était tombé sur une marche d'escaliers, qu'il avait un gros œil au beurre noir, et qu'on n'était jamais venu le voir) et c'est maintenant qu'il a décidé qu'il était temps de tester la plaie ouverte... Très bien... Désinfection, check. Plaie recollée avec des bouts de pansements découpés, check. Gros câlin, check. Au dodo, check.

 

Jour 7. Les petits ont décidé de se calmer. La plaie, nickel, quasi refermée. Ils passent leur journée à rire et à s'amuser. Je les aime plus que tout.

Mais j'ai toujours autant envie de trucider les gens. Qui sont alarmistes pour un poil sur leur cuvette des chiottes en temps normal, et qui, là, continuent de se donner des rdv, continuent leur vie tranquille, vont se balader sur les berges du Rhône, font faire leur marché, emmènent leurs enfants au parc. Mais qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans les propos du président ? Ne sors pas ton cul de chez toi ! C'est tout ce qu'on te demande ! Et, accessoirement, de fermer aussi ta grande bouche, trou béant à connerie.
En ce dimanche, je pense aussi à toutes ces pauvres femmes violentées (de n'importe quelle façon) et qui se voient obligées de rester enfermées avec leur bourreau. À tous ces enfants qui se font défoncer (de n'importe quelle façon) pour n'importe quelle raison et qui n'auront plus d'échappatoire pendant plusieurs semaines. À tous ces travailleurs qui sont obligés d'aller bosser, malgré le risque que cela engendre, malgré les moyens de protection qu'on ne met pas à leur disposition. Et puis je pense à nous. À mon mari, à mes enfants, à moi. Et je me dis qu'on est bien lotis. Qu'on a de la chance. Je ne m'excuserai pas pour ça. Mais sachez que j'en ai conscience.

 

Une semaine de passée. Ça va être long

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