Il était là. Le jour est arrivé. Enfin. J’allais le voir. Appréhension se mélangeait à excitation. Appréhension par rapport à tout ce que je pouvais entendre. Excitation car, évidemment, je ne le connaissais pas. Départ à l’aube. Arrivée 3h plus tard. Et là, le choc culturel commence. Mais si je m’attendais à ça…
Sur nos peaux, le soleil tapait. La voiture louée, nous partîmes à la conquête de cette nouvelle terre. Semi-inconnue pour lui, totalement inexplorée pour moi. Tout commence par les yeux. Plein les mirettes. Des paysages désertiques à perte de vue. Une sensation de souffle emplit mes poumons. La liberté. Nous sommes libres. Je suis libre. Mon corps se remplit d’air, et mon cœur s’accélère. Je veux courir. Sauter des falaises. Plonger dans les mers. Je veux voler. Je veux crier. OUI, JE T’AIME.
Première étape. Nouveau choc. Ville religieuse. Ville empreinte d’une atmosphère bien particulière. Les gens déambulent. Heureux. Bien dans leur peau. Mais toujours avec ce respect qui émane de chacun. Respect de l’histoire. Respect de l’autre. Respect de la vie. La vie leur est précieuse. Un autre sentiment prend possession de moi. Je n’ose regarder ces gens. Pas par peur. Mais par pudeur. Ils semblent bien. Ils semblent confiants. Mais moi je ne vois que ce lourd héritage. Je ne peux m’ôter de devant les yeux les images horribles qui sont en moi depuis l’été dernier. Photos gravées suite à la visite d’un camp qu’ils appelaient « de détention ». Je vois dans cette population, dans ces murs bâtis, la tristesse et la douleur d’un passé qui me tort les viscères. Je ressens leurs larmes. Je me noie en elle. Je m’attends, encore plus après la visite d’un musée qui nous rappelle que même les enfants étaient considérés comme du bétail, à m’effondrer à chaque coin de rue. Je veux prendre ce passant dans mes bras en lui murmurant « non, vous n’êtes pas seuls ». Je veux me jeter aux pieds de cet autre et lui promettre que nous ne sommes pas tous comme ça. Qu’ils peuvent compter sur nous. La haine me remplit. La nausée me vient. Le chagrin me submerge.
Les étapes suivantes arrivent à calmer les flots qui se déchainent en moi. La mer immense. L’aridité des déserts fait place à une vue bleue qui s’étend bien au-delà. La vie occidentale ancrée dans tous les habitants, les mœurs modernes et les esprits ouverts, tout est là pour me soutenir que non, ils ne se laissent pas abattre. Alors pourquoi le ferai-je ? Ils dansent jusqu’à 5h du matin, se baladent main dans la main, même s’ils portent la barbe tous les deux, ont des parcs à chiens sur la plage, les serveurs viennent même nous servir alors que nous sommes les pieds dans l’eau… Tolérance et vision libérée sont les maîtres mots de ces villes nouvelles. Chacun y vit à sa façon. Toujours avec considération pour son prochain, mais sans brider ses envies à lui. Chacun sa place. A ma place. On se sent bien dans ses baskets. On ressent chaque effluve de la mer comme si c’était la première fois. Le soleil sur chaque centimètre carré de notre corps, l’eau qui vient nous chatouiller les orteils. On respire cet air nouveau, ce parfum d’indépendance. On palpe du bout de nos sensations l’envie d’être ici, et pas ailleurs. Oui, la joie exulte par tous les pores de ma peau. Je suis épanouie. Je tourne et tourne, et tourne encore sur moi-même, les bras écartés. La vie. Je la caresse et la savoure.
La fin du voyage approche. Et quelque chose d’autre s’empare de moi. La peine vient m’enrouler de sa bâche protectrice. Non, ce n’est pas le chemin du retour qui a sonné le glas. Mais une prise de conscience. Je ne les verrai jamais. Je ne connaîtrai jamais ses grands-parents. Eux qui comptent tellement pour lui. Nous sommes là, à fouler leur terre de nos pieds, et un manque m’empêche de respirer. J’aurai tellement aimé pouvoir leurs parler. Les écouter. Les regarder. Ils étaient tout pour lui. Sans eux, un bout de lui me fait défaut. Un bout du puzzle est perdu. Cette lucidité soudaine vient ouvrir une porte de mon cœur. Nous ne connaîtrons jamais les personnes qui ont participé à notre construction. Respectivement. Les grands-parents. Eux qui nous faisaient rire. Eux qui nous comprenaient. Eux qu’on aime tant se remémorer. Le pansement sur ma plaie se décolle un peu. Un vent se glisse et les picotements se font ressentir. Les yeux se floutent. La vue se brouille. Un goût amer se glisse dans ma bouche. Je vous jure que vous me manquez.
Alors oui, visiter le pays si cher aux cœurs des personnes les plus importantes pour ma moitié m’a rapprochée un peu plus d’eux. Mais cela n’a aussi fait qu’accroître l’absence. Comment la visite d’un seul pays peut-elle engendrer tant d’émotions à la fois ? Comment est-ce possible de revenir d’un voyage en ayant le cœur en ébullition ? L’excitation. La joie. La liberté. La rage. La tristesse. Le manque. Le soulagement. Tout se mélange pour finir par laisser un goût de reviens-y.
J’ai visité Israël.
A vous que je ne connais pas, je vous aime. A vous qui n’êtes plus là, je vous aimerai toujours. Vous me manquez.
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