J’en lis. J’en lis tous les jours. Et je suis sûre que la plupart d’entre vous aussi. Ce n’est même pas forcément de la lecture, mais juste des photos, des blogs, des comptes Instagram. C’est la grande tendance actuelle : les mères parfaites. On nous inonde de leurs capacités d’organisation, leurs capacités à tout faire elles-mêmes (ça va de la lessive, en passant par la cuisine -vade retro satanas les surgelés ou plats tout faits -, sans oublier la couture, le bricolage -merci papa parfait-, les décorations de noël, et j’en passe…), leurs capacités à tenir une maison nickel, leurs capacités à avoir des petits anges en tant que gosses, leurs capacités à ne pas mettre leurs enfants devant un écran avant 5 ans… Je mets consciemment « leurs capacités » au pluriel, car ces mamans-là sont des wonderwomen. Elles sont dotées de pouvoirs extraordinaires que nous autres, mamans du commun des mortels, ne soupçonnons pas.
Ou en tout cas, c’est ce que beaucoup d’entre nous croyons. En même temps, ce n’est pas notre faute. C’est ce que l’on veut nous faire croire. La maman parfaite doit savoir tout faire, être toujours opérationnelle et disponible, et le tout sans un mot plus haut que l’autre, bien évidemment. Si, en plus, elle peut inculquer les valeurs religieuses (celles qui lui sont propres), le goût des arts et celui du sport à sa progéniture, là, on flirte avec les Dieux.
Comprenez maintenant la pression constante que nous subissons. Qu’elle soit sur Internet ou simplement face à notre entourage (celle que l’on s’impose toutes seules souvent). Il y a donc beaucoup de culpabilité qui plane dans l’air. Beaucoup de jalousie aussi. Car, ne nous leurrons pas, certaines basculent du côté sombre de la force…
A toutes les mamans, je vais vous en apprendre une bonne… Les mamans que vous pensez parfaites, ne le sont pas. Et non. Elles sont comme vous et moi. Celle-là fait des gâteaux magnifiques ? Et alors, peut-être est-ce la seule chose qu’elle sait cuisiner. Celle-ci a une maison sortie d’un catalogue ? Et alors, peut-être une femme de ménage se charge-t-elle de tout ranger et nettoyer 2 fois par semaine. Cette autre trouve toujours plein d’activités à faire faire à ses enfants ? Et alors, peut-être que le reste du temps, les moments hors photos et retranscriptions textuelles, elle le passe loin de ses rejetons, devant son ordinateur à chercher des idées pour les éloigner de l’écran maudit, appelé boîte à images, pour les aficionados des Visiteurs. Tout ça pour vous expliquer que, évidemment, ces mamans-là ont des moments off, des moments moins « parfaits ». Elles choisissent ce qu’elles racontent sur la toile, et heureusement. Elles ne vont pas prendre en photo une maison en désordre, filmer des petits qui se battent. Dans ces moments-là, personne ne pense à prendre son téléphone pour immortaliser l’instant. Dans ces moments-là, on veut juste ranger, les séparer, les calmer, et, parfois, en prendre un pour taper sur l’autre. Maman parfaite ou pas. Qui a envie de raconter comme cette journée a été une journée de merde à cause du petit dernier qui faisait caprice sur caprice ? Qui souhaite écrire un texte sur l’incapacité de son enfant à ranger ses jouets, à apprendre l’alphabet ou à écouter sa mère, tout simplement ? Qui veut immortaliser ce gâteau sortit tout droit des portes de l'enfer ? Je vous réponds. Absolument personne. Tout le monde souhaite prouver à qui veut bien l’entendre que son enfant est beau, fort et intelligent. Que l’on gère d’une main de maître sa famille, sa maison et son activité professionnelle. Personne n’est assez masochiste pour choisir sciemment des moments qui montreraient que l’on est à l’ouest et complètement dépassé.
Moi la première. On ne m’a jamais qualifiée de mère parfaite. Mais on m’a déjà fait des remarques disant « je ne sais pas comment tu fais… Vous avez l’air d’une famille parfaite, avec 3 enfants en bas âge, alors que moi je galère avec un », « tu as l’air tellement zen », « il y a tellement d’amour chez vous, comment vous faites ? »… Je vais vous révéler le secret… Ne pas se plaindre. Ne pas parler des moments qui nous agacent. Car oui, je hurle. Oui, mes enfants se battent. Passez à la maison, et vous aurez un aperçu de ma vision personnelle du rangement. Oui, parfois j’ai envie de les étrangler. Mais comme toutes ces mamans qui postent des photos ou des textes sur les réseaux, je choisis mes moments. Et quand je ne vais pas bien, quand mes enfants ou mon mari me font sortir de mes gonds, quand je leurs file des croque-monsieurs comme repas, et bien non, mon ordinateur n’est pas sur mes genoux, mon téléphone n’émet pas le « clic » du déclenchement photo. Je réserve ça à quand je suis bien. A quand mes enfants me rendent fière. A quand j’ai envie de partager quelque chose.
On est toutes pareilles. Alors rangez votre culpabilité. Vous êtes parfaites comme vous êtes. Et n’en voulez pas aux mamans dites parfaites. Elles ne font que partager des choses qui les rendent heureuses. Et c’est bien-là ce qu’on leurs demande.
Allez, sur-ce, je vais préparer le repas de notre tribu. Crooooooque-monsieurs !