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31 jours de rage

1 mois. 1 mois que tu nous as quittés. 1 mois que j’ai un trou dans le ventre. 1 mois que je me surprends à me demander si tout ceci est réel.
J’ai parfois l’impression d’avoir vécu dans une autre dimension. Je t’ai rêvée. C’est impossible autrement. Un aussi petit être ne peut pas être amené à disparaître. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas logique. Pas juste. Quand je regarde autour de moi et que je vois tous ces gens, j’ai la haine. J’aimerai qu’ils meurent et que tu reviennes. Ces gens qui se plaignent d’être affaiblis… Tu as 85 ans, bordel ! Tu ne crois pas que c’est toi qui aurais dû mourir, et pas ma fille de 4 mois ?! Ces gens qui ne savent pas profiter du bonheur, qui cherchent ailleurs ce qu’ils ne trouveront jamais, puisque ce sont d’éternels pessimistes, qui se plaignent sans cesse et se noient dans un verre d’eau. En 4 mois de vie, tu as été plus combative et forte qu’eux, dans toute leur vie. Tu as apprécié chaque seconde et as souris dès ta naissance. Ils ne s’en sortent pas malgré toute l’aide qu’ils ont autour d’eux. Tu as été seule face à la médecine. Et tu as réussi. Tu as tenu plus que les pronostics. Je suis si fière de toi.

Je sais. Je le sais que ce n’est pas leur faute. Mais je ne veux pas les entendre. Je ne veux pas les écouter. Je n’arrive toujours pas à accepter leur regard de cocker. Je ne peux pas encourager leur « elle était si forte », je ne peux pas remercier leur « elle était jolie », ils ne te connaissaient pas ! Qu’ils arrêtent ! Qu’ils arrêtent de parler de toi comme si tu faisais partie de leur vie. Tu es à moi ! Je ne peux pas tolérer leur « elle nous protègera ». Tu ne les protègeras pas ! Tu ne les connaissais pas !

Laissez ma fille en paix. Arrêtez de vous approprier notre chagrin. Arrêtez de vous approprier notre histoire. Arrêtez de me faire croire que vous pensez à nous sans cesse. Arrêtez avec vos mots faussement compatissants ! Arrêtez avec vos « c’est comme si elle était parmi nous ». Non, elle n’est pas parmi nous, et j’aimerai qu’elle prenne ta place ! Oui, je suis en colère. Je suis en colère d’avoir dans ma vie des personnes dont je me fous, alors que mon essentielle s’en est allée. Je suis en colère d’entendre ou de lire des discours de regret alors qu’aucun effort n’a été fait lors de ton vivant.
Je suis en colère de ne pas pouvoir te serrer dans mes bras. Je suis en colère contre moi. Je n’ai pas su te protéger. Je t’ai créée malade. Pardon. Pardon ma poupée. Je donnerai tout pour tout recommencer et te donner un bout de mon cœur. Je ne t’ai pas facilité la tâche. Je t’ai donné la vie, mais une vie bien abîmée. J’espère que tu me pardonneras. Car moi, je ne me le pardonnerai jamais. Tout est ma faute. Comme une punition. Une punition pour cet avortement qui me traumatise toujours. Pardon ma beauté.

Chaque jour qui passe, je pense à toi. Je te parle. J’attends tes signes. Je te promets que ma colère s’effacera. Peu à peu. Qu’elle laissera place uniquement aux bons souvenirs. En attendant, eux, j’en n’ai rien à carrer. C’est toi que je veux.

Tu me manques.

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