A peine quelques jours après mon dernier texte, après mon envie de cogner et de m’énerver, après ma rage envers moi-même et les autres, me voilà totalement changée.
Je vous raconte.
Evidemment, la tristesse est toujours là. Evidemment, elle me manque encore chaque seconde. Evidemment, je n’oublie pas qui a fait des efforts pour elle, qui était présent ou non, qui n’a pas fait de blabla. Mais… La rage m’a quittée. La colère, qu’elle soit contre ce ventre que je n’ai pas su contrôler ou contre ces gens qui ne font que blablater, s’est atténuée, voire a disparu. Cette culpabilité qui me rongeait, elle n’existe plus. C’est un miracle. Car c’est très récent.
A force d’insistance de personnes bien intentionnées, j’ai pris le taureau par les cornes. Je pleurais, souvent. A chaque fois que je me retrouvais seule en voiture, je pleurais. Car durant ces 4 mois, seule en voiture signifiait « aller la voir à l’hôpital ». A chaque fois que je passais devant l’hôpital, je pleurais. A chaque fois que je regardais des photos d’elle, je pleurais. A chaque fois que je pensais à cet avortement, je pleurais. A chaque fois que je me retrouvais seule dans une pièce, je pleurais. J’ai commencé aussi à voir un réel changement de comportement chez mes enfants. Toujours plus de cris, plus d’énervement, plus de violence, plus de chouineries. Plus de tristesse aussi. Et j’ai eu peur. Peur qu’ils emmagasinent et que toute cette situation devienne leur squelette dans le placard, qu’elle ait des conséquences psychologiques, maintenant ou plus tard. J’ai contacté ce Mr qu’on me recommandait. Sans savoir où je mettais les pieds mais avec comme mantra « de toutes façons, je ne risque rien. Je ne perds rien à essayer ». Et, mon Dieu que j’ai bien fait !
Avec son talent incroyable, il m’a libérée. En 1h10, je me sentais mieux. Plus légère, lestée d’un poids. Indescriptible. Ne m’en demandez pas plus, je ne raconterai pas ici sa méthode. Je ne veux pas de commentaire sceptique ou critique. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il m’a appris à voir la situation autrement. Je ne pleure plus quand je suis seule. Je peux passer devant et regarder cet hôpital en ayant que des bons souvenirs. Je ne plie plus sous le poids de quelconque culpabilité. Je suis passée à la phase de l’acceptation. Et ce grâce à lui. Grâce aux personnes qui me répétaient chaque jour « Tu as pris contact ? », « Tu vois quelqu’un ? », « Il ne faut pas attendre ». Il va aussi s’occuper de mon mari, de mes enfants. Il prendra soin de nous, de nos énergies, personnelles et familiales, de nos « sacs à dos ». Il nous nettoiera tout le long de notre vie. Quand nous en aurons besoin.
Emmy nous aura apporté cela aussi. Une prise de conscience de l’importance d’être légers, sans tous ces non-dits ancestraux, ces poids familiaux qu’on traîne de génération en génération, ces culpabilités de choses qui ne nous concernent pas ou qui sont bien au-delà de toute forme de contrôle possible. Une réelle envie, en ayant conscience que oui, c’est possible, de nous concentrer sur nous et nos enfants. Et laisser de côté tout ce qui nous détruit, nous ronge, nous fait du mal ou simplement ne correspond pas à nos envies.
Je revis. Et je suis heureuse de ce tournant que prend ma famille.
Attention, soyons clairs. Jamais je n’oublierai ces personnes qui étaient là pour elle. Ces personnes qui étaient là pour nous. De façon simple, sans de grand discours inutile, sans parole pleine de mièvrerie et de propos dégoulinant de fausse compassion. Je n’oublierai pas qui étaient ces personnes qu’elle connaissait, qui nous ont aidés, qui ont montré un réel intérêt pour ma fille. Un réel amour. Simplement, je fais la part des choses. Et mon temps est, à partir de maintenant, précieux. Je le dédierai à qui bon me semble, sans aucune gêne.
Pour ma fille. Eternellement.